Histoire en balade

11 novembre 1918, 11 heures du matin

Après quatre années de guerre, des milliers de morts, une jeunesse décimée et de nombreux villages détruits, les combats s’arrêtent le 11 novembre 1918 à onze heures. Le soulagement est grand, le traumatisme l’est d’autant plus. Dans les mémoires, une question reste ancrée : pourquoi a-t-il fallu sacrifier tous ces hommes ? Les enfants pleurent leurs pères, les épouses pleurent leurs bien-aimés et les mères pleurent leurs fils.

Une décision prise à 5h15 du matin

Devant un tel massacre, l’Allemagne demande la fin de la guerre. Les négociations commencent dès le 7 novembre.  Il faut attendre le 11 novembre pour que l’Armistice soit signé, à 5H15 du matin. Ce n’est que six heures plus tard que le clairon résonne dans les tranchées pour annoncer la fin de la guerre. En effet, lors de la signature de l’Armistice, la décision est prise d’arrêter les combats à 11 heures.  

Pendant ce temps, les combats continuent et les hommes tombent. On parle des morts cachés de l’Armistice. Le dernier mort pour la France est Augustin Trébuchon, à 10H55 du matin soit 5 minutes avant que le clairon ne sonne. Ses camarades tombés avec lui ce 11 novembre 1918 verront leur date de décès avancée au 10 novembre. Il faut cacher les morts du jour de la victoire.

Reproduction d'une tranchée de la Première Guerre mondiale
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Reproduction d'une tranchée de la Première Guerre mondiale

Le lourd bilan d’une victoire

Le nombre de morts reste le bilan le plus lourd qu’on ait jamais connu : 18,6 millions de morts, soit 9,7 millions de militaires et 8,9 millions de civils ; sans compter les victimes de la grippe espagnole dont les déplacements humains permettent l’épidémie. La France, à elle seule, a perdu 1 397 800 hommes en âge de procréer sur les champs de bataille.

Malheureusement, il faut ajouter à ce bilan les blessés de guerre. Les hommes gazés qui conservent des séquelles, les gueules cassées mais aussi les victimes de troubles psychiatriques. Certains hommes développent une maladie mentale appelée l’obusite, un trouble nerveux dû au stress et à la peur des bombardements.

A l’arrière, les femmes ont contribué à l’effort de guerre dans les usines d’armement ou en reprenant le travail de leur mari parti à la guerre. Beaucoup d’entre elles découvrent le veuvage à 20 ans. Près de 600 000 veuves de guerre et 986 000 orphelins sont ainsi plongés dans la plus grande détresse physique et morale. Toute une génération est sacrifiée.

Par ailleurs, même si l’on a profité de la main d’œuvre féminine pendant le conflit, on préfère renvoyer les femmes chez elles et redonner leur place aux hommes. Les femmes veuves se retrouvent sans moyen de subsistance. Celles qui refusent de quitter leur poste se voient menacées d’une amende journalière, prélevée sur leur salaire.  La guerre n’a pas effacé la misogynie de ce début de XXe siècle.

Devoir de mémoire

La première guerre mondiale nous encourage à entretenir la mémoire de ces hommes et de ces femmes mais aussi des enfants qui ont vécu cet épisode sombre du XXe siècle. Ce sont nos ancêtres et certains ne sont pas revenus du front. Nous ne pouvons oublier leur combat pour la liberté, leur sacrifice pour la défense de leur pays. Il nous est difficile d’imaginer leur désespoir en 1939 lorsqu’ils ont vu leurs fils partir au combat, avec la peur que l’horreur ne recommence.

L’Histoire en balade a choisi cette date symbolique, le 11 novembre à 11 heures, pour lancer son site, en mémoire de nos grands-mères et de nos grands-pères qui ont combattu pour leur liberté mais aussi pour la nôtre.

Noémie PICOT

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