Cette œuvre annonce le mouvement expressionniste de la première moitié du XXe siècle dont Edvard Munch, peintre norvégien, est un pionnier. Les artistes de ce mouvement souhaitent transmettre l’angoisse et le mal-être de la société occidentale. C’est ce que représente Jungster Tag (Le Jugement dernier) de Wassily Kandinsky (daté de 1912 et conservé au Centre Pompidou à Paris).

Wassily Kandinsky réagit différemment à la modernité. Dans Improvisation III (1909, Musée national d’art moderne), il utilise les couleurs comme vecteur de l’expression. Par les à-plats de couleurs, Kandinsky se rapproche du Fauvisme. Les formes, bien que simplifiées, restent figuratives dans cette œuvre. Cependant, il se tourne progressivement vers l’abstraction comme en témoignent ses œuvres dès 1911.

A l’inverse, les futuristes comme Umberto Boccioni ou Giacomo Balla vont à la même période utiliser la vitesse et la machine comme des outils de glorification de la modernité (avec prolongation des formes du cubisme).

Le tableau de Munch a une double inspiration. En effet, la figure s’inspire d’une momie péruvienne trouvée en 1877 en Amérique du sud. Cette momie appartenant au peuple des Chachapoyas est datée d’avant le XVe siècle, soit la période pré-incaïque. Elle a été exposée à Paris dès 1882. C’est dans la capitale que Munch a pu la voir lors de son premier séjour en 1885, ou lorsqu’il s’y est installé de 1889 à 1892.

De plus, le paysage orangé évoquerait l’éruption d’un volcan indonésien en 1883 dont l’événement aurait coloré le ciel jusqu’en Europe. Munch écrit : « Je marchais le long de la route avec deux amis – soudain, le soleil s’est couché – le ciel est devenu brusquement du sang et j’ai ressenti le grand cri de la nature. »