Kingdom Two Crowns est un jeu de gestion et de simulation développé par le studio Fury. Sorti en 2018, il se joue à la troisième personne en défilement horizontal. Il dispose des modes campagne et îles des défis. Ces deux modes de jeu sont disponibles en solo ou en coopération. Le partage d’écran est disponible et l’interface est alors scindé en deux pour de la coopération locale. Kingdom Two Crowns est un jeu inspiré du Moyen Âge aux graphiques pixélisés. Le but du jeu est de gérer ses ressources pour développer son camp et le transformer en un royaume de conquérant.
Jouabilité
Dans ce jeu, vous incarnez un roi ou une reine se déplaçant à cheval. Le but est de récupérer des pièces, grâce aux villageois, puis de les dépenser pour débloquer des améliorations et recruter encore plus de villageois. L’interface est épurée et le jeu se distingue par la simplicité de ses commandes. Le jeu est intuitif puisqu’ il suffit de suivre un petit fantôme pour comprendre ce qu’il faut faire. Ce petit didacticiel est clair et concis. Ainsi, disponible en français et sans restriction d’âge, ce jeu est accessible autant aux adultes qu’aux enfants. D’autant plus qu’il est possible de sélectionner le niveau de difficulté en début de partie. C’est également un jeu de gestion sans indications chiffrées. En effet, l’argent est comptabilisé dans une bourse qui se remplit et se vide en fonction des actions effectuées. Il est amusant de voir ses pièces tomber par terre ou dans l’eau lorsque sa bourse est bien trop remplie.

Kingdom Two Crowns (2018), © Raw Fury.
De nouveaux objectifs et lieux sont débloqués au fur et à mesure. Au début du jeu, il faut surtout construire et défendre son camp de petits monstres qui attaquent la nuit. Ce sont des voleurs qui en ont après vos pièces, saccagent vos défenses et kidnappent même les ermites. En améliorant le feu de camp, il est également possible d’améliorer le royaume. Sont ainsi débloqués différents corps de métiers à partir desquels les villageois peuvent se rendre utiles et participer à l’enrichissement du royaume. Toutefois, quand le navire est débloqué, le jeu prend une tout autre dimension. Il devient possible d’explorer une carte et d’établir de nouveaux camps. Conquérir un maximum de territoires devient alors un nouvel objectif. Mais attention, les fréquences des vols et le nombre de monstres augmentent en fonction des territoires que vous parvenez à conquérir et le jeu se complexifie. Gare à ne pas vous faire voler votre couronne ! C’est alors la fin de la partie puisque comme le précise le jeu : « Sans couronne, point de reine ».
Représentations
Sur le château se trouve une bannière. La Société Finistérienne d’Histoire et d’Archéologie la définit comme un « signe de ralliement des hommes d’armes appartenant au même ban […] ». Le mot ban est ici à comprendre au sens d’un territoire administré par un seigneur. L’objet est donc une marque d’appartenance militaire. Selon Jean Delmas, leur apparition date du Xe ou XIe siècle et leur disparition de la fin du XVIe siècle. Les drapeaux et étendards (enseignes de guerre) ont alors progressivement remplacé les bannières féodales. En 1993, Michel Pastoureau dénonçait l’isolement volontaire de la vexillologie, soit l’étude des drapeaux, comme discipline scientifique. Elle n’a donc pas bénéficié de l’essor disciplinaire de l’héraldique, l’étude des blasons et armoiries. Michel Pastoureau démontre que cette discipline connaît des freins tels que les lacunes historiographiques, des difficultés archéologiques ou encore des problèmes d’acculturation. La vexillologie est donc une discipline complexe dont les avancées ne sont que partielles. Ainsi, la littérature concernant l’histoire des drapeaux (et bannières) reste insuffisante pour discerner leur réelle valeur dans d’autres contextes que celui militaire, surtout avant le XVIIe siècle.

Kingdom Two Crowns (2018), © Raw Fury.
Il est également possible de trouver des montures légendaires. La première est un griffon. Cet animal légendaire fait partie des animaux des bestiaires médiévaux. Hybride entre l’aigle et la lionne, il est souvent portraituré par les mythologies comme un gardien de trésor invincible. Cependant, au Moyen Age, la tradition chrétienne s’empare de l’animal et l’associe un temps au démon avant de devenir un symbole de la double nature du Christ.
Quant aux monstres voleurs, ils ne sont pas identifiés. Ils viennent vous attaquer depuis des portails magiques ce qui fait de ce jeu une fantaisie aux inspirations historiques et mythologiques. Par ailleurs, Kingdom Shogun fourni avec Kingdom Two Crowns s’inspire du japon féodal. Le personnage incarné est alors un Shōgun soit un chef militaire, réel dirigeant du Japon, plus puissant que l’empereur. Les guerriers sont des ninjas et les montures sont adaptées à la mythologie japonaise. Les petits monstres eux sont toujours les mêmes.

Kingdom Two Crowns (2018), © Raw Fury.
Kingdom Two Crowns est un jeu minimaliste dont la simplicité permet une expérience relaxante et paisible. Bien que le jeu ne soit pas muni d’une narration profonde, les objectifs et les possibilités qui se débloquent progressivement donnent une dimension de récit ou d’épopée au jeu. Disponible gratuitement, Kingdom: Classic (2015) est le premier jeu de cette saga. Cependant, l’expérience reste restreinte puisque l’exploration n’y est pas disponible. De plus, des contenus supplémentaires sont disponibles à l’achat. Ils permettent d’accéder à des campagnes inspirées par les civilisations nordiques (2021) ou encore par la Grèce antique (2024). Dans ce dernier, le but du jeu est remanié : il faut à présent sauver l’Olympe.
Kingdom Two Crowns est disponible sur toutes les plateformes : Xbox, Playstation, Nintendo Switch, PC et mobile.
Chloé BANULS
Bibliographie
Bannière
- Jean Delmas. BANNIÈRE. In Encyclopædia Universalis.
- Michel Pastoureau. “Genèse du drapeau. Etats, couleurs et acculturation emblématique autour de la Méditerranée”. In: Genèse de l’État moderne en Méditerranée. Approches historique et anthropologique des pratiques et des représentations. Rome, École Française de Rome, 1993. pp. 97-108.
- Michel Pastoureau, Bestiaires du Moyen Age, Points, 2020.
Griffon
- Bibliothèque Nationale de France, Dossier Bêtes et animaux médiévaux, album : le griffon, présentation.
- Société Finistérienne d’Histoire et d’Archéologie, Manuel de Méthodologie historique, La Vexillologie, Fiche 207, site web.