Le compte à rebours annuel, tant attendu par les petits et les grands enfants, vient de commencer… celui des festivités de Noël. Bientôt, les odeurs de cannelle, de vin chaud, de marrons grillés et d’autres mets alsaciens flotteront au cœur de la ville de Strasbourg. La “Capitale de Noël” et son Christkindelsmärik se pareront de leurs plus belles décorations et illuminations. Vous pourrez passer sous la célèbre arche du Christkindelsmärik (Place Broglie) à partir du 26 novembre et jusqu’au 24 décembre 2025.
Origine du marché de Noël de Strasbourg
Les marchés de Noël trouvent leurs origines en Europe, dans les régions germanophones. Traditionnellement, vers le 6 décembre, des marchés étaient organisés en l’honneur de Saint Nicolas. Personnage emblématique de la tradition germanique, il passe récompenser les enfants sages avec des friandises et des cadeaux — le plus souvent du pain d’épices et une orange. Ce saint patron est accompagné de son âne et du Père Fouettard (ou Hans Trapp). Ce dernier a pour mission de punir les enfants qui n’ont pas été sages. Lors de la Saint-Nicolas, il est de coutume de cuisiner des Männele, de petits bonhommes en brioche.
© Corinne Robert
À partir de 1570, le marché de la Saint-Nicolas (St Klausenmarkt) fut remplacé par le Christkindelsmärik (“le marché de l’Enfant Jésus”). Pourquoi ce changement ? Durant cette période, la ville de Strasbourg adopte la Réforme protestante, qui interdit toutes les célébrations liées au culte des saints. Ce nouveau marché, dédié à l’Enfant Jésus, permet alors aux commerçants de proposer des productions artisanales et des denrées festives, mêlant ainsi coutumes populaires et traditions chrétiennes.
Autre tradition ancienne que l’on retrouve en Alsace durant la période de Noël : la mise en place du sapin de Noël. Cette coutume, ancrée en Alsace depuis le XVIᵉ siècle, symbolise à l’origine la vie et la renaissance au cœur de l’hiver. Cependant, ce n’est qu’à partir de 1994 qu’un sapin d’environ trente mètres de haut est installé chaque année sur la place Kléber. Sa décoration change au fil du temps afin de correspondre à une thématique spécifique. Ce sapin est aujourd’hui le plus grand arbre naturel décoré d’Europe.
Développement de ce marché
Au fil du temps, ce marché a connu une nette évolution, marquée notamment par plusieurs déplacements. À l’origine, le Christkindelsmärik se tenait sur la place de la Cathédrale. Il s’étendit ensuite à la place du Château et le long de la rue Mercière. Face à son essor grandissant, un premier déménagement eut lieu en 1830, vers la place des Armes (ancien nom de la place Kléber). En 1871, sous l’administration allemande, le marché fut transféré sur la place Broglie. Aujourd’hui, les commerçants et les artisans occupent près de 300 chalets, installés un peu partout dans le centre-ville de Strasbourg.
L’année 1992 marque un tournant dans l’histoire du marché de Noël. Cette année-là, la ville de Strasbourg s’est autoproclamée “Capitale de Noël”. Plusieurs changements voient alors le jour : la durée du marché s’allonge. Autrefois, il n’ouvrait que huit jours avant la célébration de Noël et se poursuivait jusqu’au 31 décembre. Désormais, il ouvre ses portes dès la dernière semaine de novembre et se termine la veille de Noël. On observe également la mise en place de parcours reliant les différentes places où sont installés les marchés à Strasbourg. Un tel engouement pour cet événement a entraîné la création de nombreux petits marchés de Noël dans les villages alsaciens. Autre évolution : le marché de Noël n’est plus seulement un lieu de commerce. Il devient également un espace culturel, grâce à la collaboration des associations de commerçants. On peut ainsi y découvrir des expositions de crèches, des promenades thématiques, ou encore des spectacles son et lumière.
© Aurore Robert
Aujourd’hui, ce marché est considéré comme une véritable institution culturelle et touristique. Chaque année, des millions de visiteurs viennent du monde entier pour goûter aux festivités de Noël strasbourgeoises. L’objectif premier du marché de Noël alsacien est de préparer la fête de Noël. Dans les chalets, on retrouve des cadeaux artisanaux et originaux, des objets traditionnels pour décorer le sapin, ainsi que des gourmandises typiquement alsaciennes — bretzels, tartes flambées, choucroute, bredle… — sans oublier le fameux vin chaud, idéal pour se réchauffer du froid hivernal. Avec plus de 450 ans d’histoire, le Christkindelsmärik est le rendez-vous de l’année, mêlant authenticité et modernité. Cette tradition vivante témoigne à la fois de l’héritage alsacien et de sa capacité à s’adapter aux enjeux contemporains.
Aurore ROBERT