Histoire en balade

Les Européens à la découverte du monde à partir du XVe siècle

Les Portugais partent à la conquête de nouvelles richesses dès 1415 en s’emparant du port de Ceuta sur les côtes du Maroc. Il leur est nécessaire de trouver une route pour prendre en main le commerce des épices, en évitant la Méditerranée qui est dominée par les Vénitiens. La Chute de Constantinople en 1453 modifie la domination commerciale des musulmans mais aussi des Vénitiens sur les épices, qui dominent ce commerce. Les Portugais s’engagent alors sur les côtes de l’Afrique afin d’atteindre la côte de Malabar jusqu’aux Moluques sans passer par la Méditerranée et développent la navigation en pleine mer. Un prince représente cette avancée majeure : Henri le navigateur.

Les Portugais et la route de l’Atlantique

Christophe Colomb éclipse les autres navigateurs et pourtant les Portugais se sont lancés dans l’aventure avant lui. Entre 1415 et 1488, ils parviennent à longer les côtes de l’Afrique et en 1497 Vasco de Gama se lance dans une expédition pour atteindre l’Inde. Les Portugais pratiquent la politique du comptoir et leur installation à Sao Jorge Da Mina permet de faire venir draps, ustensiles, vin blanc et perles qui sont échangés contre de l’or. En Afrique, le royaume du Bénin fait des affaires florissantes avec le Portugal à partir de 1486 : Les poivres de la mangrove ainsi que les sculptures en ivoire sont achetés par les riches Portugais. En échange le Bénin recrute des mercenaires portugais afin de renforcer les troupes durant les guerres de conquêtes. Le roi du Bénin finance sa politique d’expansion grâce au commerce de la traite, participant lui-même à la mise en esclavage de ses propres sujets. La traite s’étend sur quatre siècles, et nous chiffrons à douze millions d’individus le nombre de déportés vers l’Europe et l’Amérique de 1450 à 1850. La découverte de la route maritime qui conduit en Inde offre aux Portugais la possibilité de faire du commerce avec certains pays d’Afrique et ils installent des comptoirs commerciaux en Inde qui leur permet de développer un commerce des épices florissant.

L’Espagne et la course à la colonisation

Les Espagnols pratiquent une politique différente de celle des Portugais : ils ne se contentent pas d’installer des comptoirs, ils colonisent. C’est ainsi que l’arrivée de Christophe Colomb dans les îles qui bordent l’Amérique (archipel des Bahamas et actuelle Saint-Domingue) est un véritable traumatisme pour les populations autochtones. En effet, la deuxième expédition de Colomb en 1493 est une expédition coloniale. Il part avec des prêtres pour évangéliser les populations conquises. Des Espagnols prêts à tenter l’aventure le suivent pour s’installer sur ces nouvelles terres. L’expérience est une catastrophe : les indigènes meurent des maladies apportées par les colons, la mise en esclavage décime la population et enfin, le but n’est pas atteint. Christophe Colomb n’est pas à Cipango comme les souverains d’Espagne le souhaitaient. Il n’a pas atteint l’Inde et on ne prendra conscience de l’importance de sa découverte qu’après sa mort, au début du XVIe siècle, grâce à Amerigo Vespucci.

Le traité de Tordesillas ou l’hégémonie ibérique

Les Espagnols et les Portugais font la course à la conquête mais une question se pose rapidement : comment partager ce monde ? Une négociation entre les deux puissances ibériques conduit à la signature du traité de Tordesillas en 1494.

Le premier partage du monde, Atlas historique mondial, les Arènes, Paris, 2019.
Le premier partage du monde, Atlas historique mondial, les Arènes, Paris, 2019.

La ligne de partage est d’orientation nord-sud. Ainsi les Portugais partent vers les Indes en contournant les côtes de l’Afrique, et les Espagnols partent vers le Nouveau Monde, les Amériques.

Mais leur domination sur les nouvelles terres n’est pas bien vue par les pays qui ne sont pas dans la course à la conquête : François Ier, roi de France de 1515 à 1547, ne voit pas d’un bon œil cette exclusion. Il conteste le traité de Tordesillas et en 1517 il fonde le port du Havre en Normandie afin de développer l’activité maritime de la France. Jacques Cartier part pour François Ier à la recherche de nouvelles terres, il ouvre la voie vers les terres froides de Stadaconé (ville de Québec actuelle), puis à partir de 1500 les Français fréquentent le Brésil sous forme de corso (pirates à la solde du roi), contre l’Espagne et le Portugal. Toutefois les Français ne parviennent pas à s’imposer dans cette zone. Les Anglais attendent 1607 pour se lancer dans les explorations et on observe deux types de colonisations : une colonie de plantation en Virginie, Maryland, et une colonie de peuplement en Nouvelle-Angleterre. Les Hollandais entrent dans la course aux territoires et il leur faut trouver une autre route pour contourner le Traité de Tordesillas. C’est ainsi que se développe la circumnavigation (naviguer autour d’un continent) et les Hollandais parviennent à faire le commerce des épices aux Moluques. La rivalité s’installe et la place des Portugais décline progressivement laissant la place aux Hollandais qui développent un commerce exceptionnel : on parle de l’âge d’or hollandais.

L’expansion des Européens est un processus de longue haleine ponctué par de nombreuses rivalités. Le sujet est très vaste et peut s’étendre aux méthodes de navigations qui évoluent rapidement dès le XIVe siècle mais aussi à l’esclavage des peuples noirs ainsi que des peuples autochtones. Il découle de ces découvertes une histoire au temps long, s’étendant sur quatre siècles pour la traite des Africains. La prise de Ceuta en 1415 est le symbole d’une profonde modification de la relation de l’homme à la géographie du monde.

Noémie PICOT

Conseils de lecture

  • Bertrand Romain , L’histoire à part égale, Paris, Editions du Seuil, 2011.
  • GRUZINSKY Serge, Histoire du Nouveau Monde, Paris, Fayard, 2006.
  • Watchel Nathan, La vision des vaincus, Les Indiens du Pérou devant la Conquête espagnole (1530-1570), Paris, Folio histoire, 1992.
  • Brooks Timothy, Le chapeau de Vermeer, Lausanne, Petite bibliothèque PAYOT, 2012.
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