Histoire en balade

Les Hommes libres de Rome

Dans la Rome antique, être un homme libre était un privilège, mais au sein même de cette catégorie, tout le monde n’avait pas les mêmes droits. Selon leur statut, certains étaient plus libres que d’autres. C’est l’occasion pour nous d’aborder les catégories de personnes qui peuplaient l’Empire romain.

Les Citoyens Romains : au sommet de Rome

En haut de la pyramide sociale se trouvaient les patriciens, descendants des premiers pasteurs (les patres), qui avaient le « jus plenum » (plein droit) et siégeaient fièrement au Sénat. Face à eux, les plébéiens qui ont dû lutter pour obtenir des droits équivalents, notamment le droit d’accéder au consulat (en 367 av. J.-C., après le vote des lois licinio-sextiennes).

Les citoyens étaient identifiables par leur nomen gentilicium (nom de famille) et leur praenomen (prénom), souvent hérité d’un aïeul. Ils pouvaient aussi avoir un surnom basé sur une particularité physique. Selon Plutarque, cela valut à Marcus Tullius (Cicéron) de se faire surnommer Cicero, qui veut dire “pois chiche”, surnom qui lui viendrait d’un ancêtre affligé d’une excroissance au bout du nez.

Les droits des citoyens incluent notamment la possibilité d’être propriétaire, de participer à la vie politique, d’avoir la capacité juridique ou encore de se marier avec la fille d’un citoyen. Quant aux devoirs, ils impliquent de servir dans l’armée, de payer des impôts et de participer au cens, servant à établir une liste des citoyens ainsi que la valeur de leurs biens.

Les Latins : des individus considérés par l’Empire

Les Latins sont des habitants du Latium. Il s’agit essentiellement d’éleveurs, dont l’importance dépend du bétail qu’ils possèdent (chèvres, bœufs, moutons et cochons). En outre, les Latins partagent le droit de mariage (conubium) et de commerce (commercium) avec les Romains. En revanche, ils ne peuvent ni effectuer leur service militaire à Rome, ni accéder à des postes importants.

Certaines colonies, dont le territoire a été conquis par l’armée romaine, vont également intégrer la catégorie des Latins.

© 2011 Musée du Louvre, Dist. GrandPalaisRmn / Thierry Ollivier
© 2011 Musée du Louvre, Dist. GrandPalaisRmn / Thierry Ollivier.

Les Pérégrins : les étrangers protégés

Les pérégrins sont les habitants de cités alliées à Rome. Ils ne bénéficient pas de la citoyenneté romaine mais peuvent suivre leur propre droit civil, le jus gentium. Ainsi, ils n’ont pas de droit politique à Rome. Seuls les “pérégrins ordinaires » peuvent espérer devenir citoyens, soit par naturalisation, soit en servant 25 ans dans l’armée romaine, encore faut-il survivre…

En 212 apr. J.-C., l’empereur Caracalla décide de naturaliser les pérégrins. Officiellement, c’est pour l’unité de l’Empire. Officieusement, c’est surtout pour récolter plus d’impôts. 

Toutefois, l’édit de Caracalla ne s’applique qu’aux pérégrins ordinaires. Ainsi, En 530, l’empereur Justinien consacre la disparition des pérégrins déditices (qui correspond au statut des peuples qui ont combattu contre Rome et se sont rendus après leur défaite).

De l'esclavage à la liberté : la manumission

L’esclavage a joué un rôle crucial dans la Rome antique. De nombreux actes peuvent conduire à cette condition : pour dettes principalement, mais cette situation résulte surtout des conquêtes (prisonniers de guerre, etc.). Détenir un nombre important d’esclaves est également un signe de richesse. Si la possession d’esclaves traduit une certaine aisance sociale, il convient également de s’intéresser au sort de ceux qui parviennent à s’émanciper : les affranchis. Les affranchis sont d’anciens esclaves devenus libres. Cette liberté est conditionnée à la manumission (laffranchissement d’un esclave). Néanmoins, les affranchis restent attachés à leur ancien maître (patronus) par des obligations diverses telles que :

  • L’obsequium : l’affranchi doit un respect absolu et une obéissance envers son ancien maître. Le manquement à ce devoir peut mener à la perte du statut d’affranchi.
  • Les operae : l’affranchi doit fournir une assistance à son maître en accomplissant des journées de travail gratuites.
© Musée du Louvre, dist. GrandPalaisRmn / Laurent Chastel
© Musée du Louvre, dist. GrandPalaisRmn / Laurent Chastel.

La liberté : comment devenait-on affranchi ?

L’affranchissement pouvait se faire de plusieurs manières :

  • Par la vindicta : cérémonie judiciaire au cours de laquelle le maître déclare son esclave libre devant un magistrat.
  • Par testament : l’affranchissement est alors accordé après la mort du maître.
  • Par census : tous les cinq ans, un censeur peut inscrire un esclave sur la liste des citoyens.
  • Par fideicommis de liberté : à partir de l’époque impériale, le testateur confie à un héritier la mission d’affranchir un ou plusieurs de ses esclaves.

A Rome, tout le monde ne jouissait pas de la même liberté. Il va de soi que le statut de patricien était bien plus avantageux que celui d’affranchi par exemple. Néanmoins, force est de constater que le droit romain a permis de structurer une société antique hautement développée en s’appuyant sur de nombreux concepts juridiques.

Stanislas MEVEL-DUCART

Bibliographie

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