Victor Hugo : « Une force qui va »
Victor Hugo est né en 1802 à Besançon. Il est le fils de Léopold Hugo, officier de la Révolution et de l’Empire, et de Sophie Trébuchet, issue de la bourgeoisie de Nantes. De cette union naissent trois garçons, Abel, Eugène et Victor. Ce dernier montre dès son plus jeune âge un talent exceptionnel, qui fera de lui un des plus grands auteurs du XIXᵉ siècle. Mais, derrière la plume se cache également un homme engagé. L’année 1851 sera pour lui l’un de ses plus grands combats.
2 décembre 1851 : Le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte
Victor Hugo n’est pas un homme qui reste fixé à une opinion ou un système politique toute sa vie. Pair de France sous la Monarchie de Juillet (1830- 1848), il devient député de droite sous la IIe République (1848-1852). C’est un homme de mouvement, c’est « une force qui va » et ne s’arrête jamais pour défendre ses idées. Il soutient Louis-Napoléon Bonaparte dans la course à l’Élysée. Mais le 2 décembre 1851, le prince président prend le pouvoir par la force. Il dissout l’Assemblée pour garder le pouvoir.
C’est une rupture totale pour Victor Hugo qui renomme le nouvel empereur « Napoléon le Petit ». Il entre en clandestinité dès la nuit du 2 décembre 1851 et essaie d’organiser une force armée. Mais, il doit accepter ce qui est pour lui inacceptable : la République est assassinée. Le 6 décembre, il n’a plus d’autre choix que celui de l’exil. Il est aidé de sa maîtresse, Juliette Drouet, qui parvient à faire sortir de France le plus précieux pour Victor Hugo, sa malle aux manuscrits.
Le 9 janvier 1852, Victor Hugo est condamné à l’expulsion, comme soixante-cinq autres députés, condamnés par Louis-Napoléon Bonaparte. Il reçoit cette condamnation comme une dignité, il est une menace pour le tyran et c’est pour cela que Bonaparte lui interdit de revenir en France. Puisque Victor Hugo ne peut défendre la France en son cœur, il va la défendre et l’honorer ailleurs, d’abord en Belgique puis à Guernesey.
L’exil de la liberté
Avant d’atteindre les îles Anglo-Normandes, il reste un temps à Bruxelles. Il réunit les témoignages des républicains français exilés comme lui. Le texte qui en découle est d’une rare violence, la plume de l’auteur a des airs assassins. Il faut tuer l’image de Louis-Napoléon, il faut faire le portrait accablant de l’assassin de la République. Le pamphlet Napoléon le Petit est publié en août 1852, 40 000 exemplaires parviennent à entrer en France. Victor Hugo doit fuir la Belgique et continuer son combat à Guernesey, où il sera en sécurité. En août 1852, il quitte la Belgique pour un exil de vingt longues années. Il passe d’abord à Jersey, où il apprend que Louis- Napoléon envisage de devenir empereur. Cette annonce le conduit à poursuivre son combat avec Châtiments.
L’œuvre, dont la construction littéraire s’articule autour de trois poèmes majeurs, correspondent à des périodes charnières des évènements. Nox renvoie au crime, le coup d’État que l’auteur dénonce, puisque le 4 décembre 1851, le petit peuple qui se soulève est massacré. Victor Hugo dédie un poème, Souvenir de la nuit du 4, à ce terrible évènement, accusant ouvertement Bonaparte :
« Il veut avoir à Saint-Cloud, plein de roses l’été,
Où viendront l’adorer les préfets et les maires
C’est pour cela qu’il faut que les vieilles grand’mères,
De leur pauvres doigts gris que fait trembler le temps
Cousent dans le linceul des enfants de sept ans »
Le deuxième poème L’expiation fait un petit rappel à Waterloo laissant suggérer à Louis- Napoléon, à l’image de son oncle, que l’on est toujours vaincu par ses propres conquêtes. Le poème apparaît comme un texte visionnaire qui annonce au nouvel empereur que lui aussi chutera et que le vol du pouvoir le conduira à sa perte.
Le troisième poème Lux, annonce le retour de la lumière, la fin de la tyrannie. Victor Hugo se veut prophète et Lux annonce le bonheur de la liberté retrouvée « Oh libre France enfin surgie », mais surtout le retour de la République !
« Ô République universelle,
Tu n’es encor que l’étincelle,
Demain tu seras le soleil ! »
Le retour d’exil
Le 16 août 1859, Napoléon III décrète l’amnistie concernant le décret de bannissement du 9 janvier 1852 pour tous les proscrits. Victor Hugo refuse de rentrer et quitte Guernesey le 15 août 1870. La guerre franco-prussienne éclate le 19 juillet 1870 et prend fin le 29 janvier 1871. La perte de la guerre conduit à la chute du Second Empire le 2 septembre 1870 et à la proclamation de la Troisième République. La France perd à cette occasion l’Alsace et la Lorraine. Léon Gambetta annonce la déchéance de l’empereur le 4 septembre 1871.
Pour Victor Hugo c’est la liberté retrouvée et son retour à Paris au lendemain de la proclamation de la République est acclamé par la foule.Mais si Hugo retrouve Paris, ce n’est pas dans le bonheur qu’il espérait tant. Les peines familiales viennent ternir ce retour tant attendu. Son fils Charles meurt du choléra en 1872, sa fille Adèle tombe dans un état psychiatrique désespéré et son autre fils François-Victor succombe de la tuberculose.
Mais Victor Hugo ne laisse pas complètement ses combats de côté et se bat pour l’amnistie des communards, l’abolition de la peine de mort, la gratuité et la laïcité de l’instruction dans le secondaire. En 1873, il est élu sénateur à la demande de Georges Clemenceau. Il s’est toujours battu pour ses idées et ses opinions, défendant les plus pauvres.
Victor Hugo s’éteint le 22 mai 1885, et le 1er juin 1885, ses funérailles réunissent près de deux millions de personnes.
Noémie PICOT
Bibliographie
- Hugo Victor, Les châtiments, Paris, Hachette, 1998.
- Fillipetti Sandrine, Victor Hugo, Paris, Gallimard, 2013.
- Achille Alexandrine, Victor Hugo. La liberté au Panthéon, Paris, éditions du patrimoine, 2020.